Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fois j’ai été bâtonné[1] ; une fois j’ai été lapidé[2] ; trois fois j’ai fait naufrage[3] ; j’ai passé un jour et une nuit dans l’abîme[4]. Voyages sans nombre, dangers au passage des fleuves, dangers des voleurs, dangers venant de la race d’Israël, dangers venant des gentils, dangers dans les villes, dangers dans le désert, dangers sur la mer, dangers des faux frères, j’ai tout connu. Fatigues, labeurs, veilles répétées, faim, soif, jeûnes prolongés, froid, nudité, voilà ma vie[5]. » L’apôtre écrivait cela en 56, quand ses épreuves étaient loin de leur fin. Près de dix ans encore, il devait mener cette existence, que la mort seule pouvait dignement couronner.

Dans presque tous ses voyages, Paul eut des compagnons ; mais il se refusa par système un soulage-

  1. Les Actes (xvi, 22) mentionnent une seule de ces bastonnades. Ῥαϐδευθείς dans Clément Romain, ad Cor. I, 5, est une mauvaise lecture. Il faut φυγαδευθείς. Voir les recensions de Laurent et de Hilgenfeld.
  2. Act., xiv, 19 ; Clem. Rom., ad Cor. I, 5.
  3. Ces trois naufrages sont inconnus à l’auteur des Actes ; car celui qu’il raconte (xxvii) est postérieur à la date où Paul écrivait le passage que nous citons.
  4. Sans doute sur un débris de navire, nageant pour échapper à la mort.
  5. II Cor., xi, 23-27. Comp. I Thess., ii, 9 ; Gal., v, 11 ; I Cor., iv, 11-13 ; xv, 30-31 ; II Cor., iv, 8 et suiv. ; 17 ; vi, 4 et suiv. ; Rom., viii, 35-36.