Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/99

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gion, avec une juridiction étendue ; au centre, il y avait une cour commune et d’ordinaire un lieu de réunion et de prières. Les relations des juifs entre eux, de nos jours, présentent encore quelque chose du même genre. Partout où la vie juive est restée fortement organisée, les voyages des Israélites se font de ghetto en ghetto, avec des lettres de recommandation. Ce qui se passe à Trieste, à Constantinople, à Smyrne, est sous ce rapport le tableau exact de ce qui se passait, du temps de saint Paul, à Éphèse, à Thessalonique, à Rome. Le nouveau venu qui se présente le samedi à la synagogue est remarqué, entouré, questionné. On lui demande d’où il est, qui est son père, quelle nouvelle il apporte. Dans presque toute l’Asie et dans une partie de l’Afrique, les juifs ont ainsi des facilités de voyage toutes particulières, grâce à l’espèce de société secrète qu’ils forment et à la neutralité qu’ils observent dans les luttes intérieures des différents pays. Benjamin de Tudèle arrive au bout du monde sans avoir vu autre chose que des juifs ; Ibn-Batoutah, sans avoir vu autre chose que des musulmans.

Ces petites coteries formaient des véhicules excellents pour la propagation des doctrines. On s’y connaissait beaucoup ; on s’y surveillait sans cesse ; rien n’était plus éloigné de la banale liberté de nos socié-