Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/133

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antique, invectivant contre les riches et les puissants[1]. Hanan résolut sa mort. Profitant de l’absence d’Agrippa et de ce que Albinus n’était pas encore arrivé en Judée, il rassembla le sanhédrin judiciaire, et fit comparaître devant lui Jacques et quelques autres saints. On les accusait de violation de la Loi ; ils furent condamnés à la lapidation. L’autorisation d’Agrippa était nécessaire pour rassembler le sanhédrin[2], et celle d’Albinus eût dû être légalement requise pour procéder au supplice ; mais le violent Hanan passait par-dessus toutes les règles. Jacques fut en effet lapidé, près du temple. Comme on avait peine à l’achever, un foulon lui cassa la tête avec le bâton qui lui servait pour apprêter les étoffes. Il avait, dit-on, quatre-vingt-seize ans[3].

La mort de ce saint personnage fit le plus mauvais effet dans la ville. Les dévots pharisiens, les

  1. Jac., v, 1 et suiv. Il n’est pas impossible que ce morceau ait été publié dans Jérusalem comme une sorte de prophétie. Le verset 4 semble contenir une allusion au fait raconté par Josèphe, Ant., XX, viii, 8 ; ix, 2.
  2. Dans le membre de phrase χωρὶς τῆς ἐκείνου γνώμης, ἐκείνου paraît se rapporter au roi ; cette explication est plus conforme à ce qu’on sait de la constitution d’alors.
  3. Jos., Ant., XX, ix, 1 ; Hégésippe, dans Eus., H. E., II, 23, et IV, 22 ; Clément d’Alex., dans Eus., H. E., II, 1 ; Épiph., hær. lxxviii, 14. Le récit d’Hégésippe est légendaire dans les détails.