Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/134

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stricts observateurs de la Loi furent très-mécontents. Jacques était universellement estimé ; on le tenait pour un des hommes dont les prières avaient le plus d’efficacité. On prétend qu’un réchabite (probablement un essénien) ou, selon d’autres, Siméon, fils de Clopas, neveu de Jacques, s’écria pendant qu’on le lapidait : « Cessez ; que faites-vous ? Quoi ! vous tuez le juste, qui prie pour vous ? » On lui appliqua le passage d’Isaïe, iii, 10, tel qu’on l’entendait alors : « Supprimons, disent-ils, le juste, parce qu’il nous est incommode ; voilà pourquoi le fruit de leurs œuvres est dévoré. » On fit sur sa mort des élégies hébraïques, pleines d’allusions à des passages bibliques et à son nom d’Obliam[1]. Presque tout le monde enfin se trouva d’accord pour inviter le roi Hérode Agrippa II à mettre des bornes à l’audace du grand prêtre. Albinus fut informé de l’attentat de Hanan, quand il était déjà parti d’Alexandrie pour la Judée. Il écrivit à Hanan une lettre menaçante, puis il le destitua. Hanan n’occupa ainsi le pontificat que trois mois. Les malheurs qui fondirent bientôt sur la nation furent regardés par beaucoup de personnes comme la conséquence du meurtre de Jacques[2]. Quant aux chrétiens, ils virent dans cette

  1. On en sent des traces dans le morceau d’Hégésippe.
  2. Josèphe et Eusèbe, endroits cités. V. Saint Paul, p. 80,