mort un signe des temps, une preuve que les catastrophes finales approchaient[1].
L’exaltation, en effet, prenait à Jérusalem des proportions étranges. L’anarchie était à son comble ; les zélotes, quoique décimés par les supplices, étaient maîtres de tout. Albinus ne ressemblait nullement à Festus ; il ne songeait qu’à faire argent de sa connivence avec les brigands[2]. De toutes parts, on voyait les pronostics de quelque chose d’inouï. Ce fut sur la fin de l’an 62 qu’un nommé Jésus, fils de Hanan, sorte de Jérémie ressuscité, commença à courir jour et nuit les rues de Jérusalem en criant : « Voix de l’Orient ! Voix de l’Occident ! Voix des quatre vents ! Voix contre Jérusalem et le temple ! Voix contre les mariés et les mariées ! Voix contre tout le peuple ! » On le fouetta : il répéta le même cri. On le battit de verges jusqu’à ce qu’on lui découvrît les os ; à chaque coup, il répétait d’une voix lamentable : « Malheur ! malheur sur Jérusalem ! » On ne le vit jamais parler à personne. Il allait répétant toujours : « Malheur ! malheur sur Jérusalem ! » sans injurier ceux qui le