Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/177

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respondance, l’épître était devenue un genre de littérature, une forme fictive servant de cadre à des petits traités de religion[1]. Nous avons vu saint Paul sur la fin de sa vie adopter cet usage. Chacun des apôtres, un peu à son exemple, voulut avoir son épître, spécimen de son style et de sa manière d’enseigner, contenant ses maximes favorites, et, quand l’un d’eux n’en avait pas, on lui en prêta. Ces nouvelles épîtres, qu’on appela plus tard « catholiques », ne supposaient pas qu’on eût quelque chose à mander à quelqu’un ; elles étaient la pièce personnelle de l’apôtre, son sermon, sa pensée dominante, sa petite théologie en huit ou dix pages. Il s’y mêlait des lambeaux de phrases tirées du trésor commun de l’homilétique et qui, à force d’avoir été citées, avaient perdu toute signature, et n’appartenaient plus à personne.

Marc était de retour du voyage d’Asie Mineure[2] qu’il avait entrepris sur l’ordre de Pierre et avec des recommandations de Paul[3], voyage qui avait peut-être été le signe de la réconciliation des deux apôtres.

  1. Voir Saint Paul, introd., p. lxxii. Les doutes qui restent sur l’authenticité de la Iª Petri sont examinés dans l’introduction du présent volume.
  2. I Petri, v, 13.
  3. Col., iv, 10.