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l’Évangile hébreu porta jamais un nom d’auteur ou plutôt une désignation de garantie traditionnelle, ce fut le titre d’« Évangile des douze Apôtres[1] », parfois aussi peut-être le nom d’« Évangile de Pierre »[2]. Encore croyons-nous que ces noms ne lui furent donnés que tard, quand les Évangiles portant des noms d’apôtres, comme celui de Matthieu, eurent la vogue. Une manière décisive de conserver au vieil Évangile sa haute autorité était de le couvrir de l’autorité du corps apostolique tout entier.

Comme nous l’avons déjà dit, l’Évangile hébreu fut mal gardé. Chaque secte judaïsante de Syrie y fit des additions et des suppressions, si bien que les orthodoxes le présentent tantôt comme interpolé et plus long que Matthieu[3], tantôt comme mutilé[4]. C’est surtout entre les mains des ébionites du second siècle que l’Évangile hébreu arriva au dernier degré

  1. Préface de l’Évangile ébionite. Hilg., p. 33, 35 ; saint Jérôme, Adv. Pelag., III, 2 ; In Matth., proœm. Cf. Origène, Homil. i in Lucam (Opp., III, 933) ; saint Ambroise, In Luc., I, 2 ; Théophylacte, In Luc., proœm. — Notez l’expression ἀπομνημονεύματα τῶν ἀποστόλων, fréquente en saint Justin, pour désigner les Évangiles.
  2. Saint Justin, Dial., 106 (αὐτοῦ, douteux). Voir ci-après., p. 112.
  3. Épiph., hær. xxviii, 5 ; xxix, 9.
  4. Épiph., hær. xxx, 13. Épiphane attribue l’Évangile complet aux nazaréens et l’Évangile mutilé aux ébionites. Cf. Eusèbe, H. E., VI, 17.