Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/337

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fils de Flavius Clemens[1] : «… Et maintenant ce serait ne pas comprendre l’honneur des appréciations célestes que de rester au-dessous de ma tâche. Quels soins exigeront des mœurs qui doivent obtenir l’approbation du plus saint des censeurs ! Quelle attention je devrai donner aux études pour ne pas tromper l’attente d’un prince très-éminent dans l’éloquence comme en tout le reste ! On ne s’étonne pas que les poëtes, après avoir invoqué les muses au début, renouvellent leurs vœux quand ils arrivent aux passages difficiles de leur ouvrage… On me pardonnera de même d’appeler à mon secours tous les dieux et, en premier lieu, celui qui se montre plus qu’aucune autre divinité propice à nos études. Qu’il souffle en moi le génie que font attendre les fonctions qu’il m’a confiées ; qu’il m’assiste sans cesse ; qu’il me fasse ce qu’il m’a cru. »

Voilà le ton que prenait un homme « pieux » selon la nuance du temps. Domitien, comme tous les souverains hypocrites, se montrait, sévère conservateur des vieux cultes[2]. Le mot d’impietas, surtout à

  1. Quintil., Inst. orat., IV, præf.
  2. Suétone, Dom., 4, 15 ; Martial, VI, 10 ; VIII, 80 ; Dion Cassius, LXVII, 1 ; Philostr., Apoll., VII, 24 ; VIII, 25. De là vint, autant que de sa cruauté, sa sévérité pour les vestales. Suét., Dom., 8 ; Pline, Epist., IV, 11 ; Philostr., Apoll., VII, 6.