Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/358

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écarter absolument et l’imagination de certains critiques modernes, qui ne veulent voir dans l’évêque Clément qu’un personnage fictif, un dédoublement de Flavius Clemens[1], et l’erreur qui, à diverses reprises, se fait jour dans la tradition ecclésiastique, d’après laquelle l’évêque Clément aurait été de la famille flavienne[2]. Clément Romain ne fut pas seulement un personnage réel, ce fut un personnage de premier ordre, un vrai chef d’Église, un évêque, avant que l’épiscopat fût nettement constitué, j’oserais presque dire un pape, si ce mot ne faisait ici un trop fort anachronisme. Son autorité passa pour la plus grande de toutes en Italie, en Grèce, en Macédoine, durant les dix dernières années du ier siècle[3]. À la

  1. L’épître ne saurait en aucune façon être de Flavius Clemens. Elle est beaucoup trop juive pour cela. Le ch. lxi de la partie nouvelle publiée par Philothée Bryenne détonnerait tout à fait dans la bouche d’un membre de la famille impériale.
  2. Récognitions, VII, 8 ; IX, 35 ; Homélies pseudo-clém., v, 7 ; xii, 8 ; xiv, 40 ; saint Eucher, De contemptu mundi, 32 (Max. bibl. Patr., Lugd., VI, p. 859) ; légende des SS. Nérée et Achillée (Acta SS. Maii, III, p. 4 et suiv.) ; Nicéphore, II, 33 ; III, 18. L’évêque Clément n’est jamais appelé Flavius. Il est singulier, au contraire, que Clément d’Alexandrie porte les prénoms de Titus Flavius (Eus., H. E., VI, xiii, 1 ; Photius, cod. cxi).
  3. Pseudo-Hermas, vis. ii, 4 ; Irénée, Adv. hær., III, iii, 3 ; Denys de Corinthe, dans Eus., H. E., IV, xxiii, 11 ; Tertullien, Præscr., 32.