Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/359

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limite de l’âge apostolique, il fut comme un apôtre[1], un épigone de la grande génération des disciples de Jésus, une des colonnes de cette Église de Rome, qui, depuis la destruction de Jérusalem, devenait de plus en plus le centre du christianisme.

Tout porte à croire que Clément était d’origine juive[2]. Sa familiarité avec la Bible, le tour du style de certains passages de son Épître[3], l’usage qu’il y fait du livre de Judith et des apocryphes tels que l’Assomption de Moïse ne conviennent pas à un païen converti. D’un autre côté il paraît peu hébraïsant[4]. Il semble donc qu’il était né à Rome d’une de ces

  1. Ὁ ἀπόστολος Κλήμης. Clément d’Alexandrie, Strom., IV, xvii, nit. Saint Jérôme l’appelle « Vir apostolicus ». In Is., lii, 13.
  2. Notez surtout, dans son épître, l’expression ὁ πατὴρ ἡμῶν Ἰακώϐ (ch. 4) et ce qu’il dit du temple de Jérusalem (ch. 40, 41). Le récit des Homél. pseudo-clém., xii, 8, est de pure invention, sauf un vague souvenir de ce fait qu’il y avait eu des chrétiens dans la branche des Clemens de la famille flavienne. Les noms de Mattidie, de Faustinus, de Faustinianus, trahissent une date postérieure aux Flavius. Le Liber pontificalis emprunte le nom du père de Clément aux Homélies et indique le quartier qu’il habitait d’après le site de l’église de saint Clément.
  3. Par exemple, ch. iii.
  4. L’hébraïsme οὗ ἡ πνοὴ αὐτοῦ, ch. 21, fin, vient peut-être d’une citation tacite d’un texte biblique. Les hébraïsmes comme τοῖς υἱοῖς τῶν ἀνθρώπων (ch, 61, édit. Phil. Bry.), ἐνώπιόν σου (ibid.) ἐν τῳ ἀπολιπεῖν (ch. 3), τίς οὐν… (ch. 54), l’emploi de ἐν dans le sens du be hébreu, etc., peuvent être des imitations de la traduction grecque de la Bible.