sont rien auprès de ceux qui viendront[1]. Plus le monde s’affaiblira par vieillesse, plus il deviendra méchant. La vérité se retirera de jour en jour de la terre ; le bien semblera exilé.
Le petit nombre des élus est la pensée dominante de notre sombre rêveur[2]. L’entrée de la vie éternelle est comme le goulet resserré d’une mer, comme un passage étroit et glissant qui donne accès à une ville ; à droite, il y a un précipice de feu ; à gauche, une eau sans fond ; un seul homme à peine y peut tenir. Mais la mer où l’on entre ainsi est immense, et la ville est pleine de toute sorte de biens[3]. Il y a dans le monde plus d’argent que d’or, plus de cuivre que d’argent, plus de fer que de cuivre. Les élus sont l’or ; les choses sont d’autant plus rares qu’elles sont plus précieuses[4]. Les élus sont la parure de Dieu ; cette parure n’aurait aucune valeur si elle était commune[5]. Dieu ne s’attriste pas de la multitude de ceux qui périssent. Les misérables ! ils n’existent pas plus qu’une fumée, plus qu’une flamme ; ils sont brû-