Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/506

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Pérée, Moab, l’Iturée, le pays des Nabatéens, les bords de la mer Morte, vers l’Arnon, étaient remplis de ces sectaires. Plus tard, on les appela samséens, expression dont le sens est obscur[1]. Au ive siècle, le fanatisme de la secte était tel, que des gens se faisaient tuer pour la famille d’Elkasaï. Sa famille, en effet, existait encore et continuait son charlatanisme grossier. Deux femmes, Marthous et Marthana, qui prétendaient descendre de lui, étaient presque adorées ; la poussière de leurs pieds, leur crachat passaient pour des reliques[2]. En Arabie, les elkasaïtes, comme les ébionites et les judéo-chrétiens en général, vécurent jusqu’à l’islam et se confondirent avec lui[3]. La théorie de Mahomet sur Jésus s’écarte à peine de celle d’Elkasaï. L’idée de la kibla,

  1. Selon l’explication la plus probable, ce serait un équivalent de θεραπευτής.
  2. Saint Épiphane, hær. xix, 2 ; liii, 1 ; anacephalæosis, tomus i lib. II, no 7 ; epitome, Dindorf, p. 352. Jean Damascène copie l’anacephalæosis, même ἔτι καὶ δεῦρο. Il se peut qu’Épiphane se trompe en plaçant ces femmes au ive siècle. Celse, en effet (Orig., Adv. Cels., l. V, 62, Opp., I, p. 626), parle de deux femmes sectaires, Marthe et Mariamne, qui peuvent bien être Μαρθοῦς et Μαρθάνα. Sur la forme Μαρθοῦς, voir Miss. de Phén., p. 384.
  3. On attribue à Elkasaï ou Elxaï un prétendu frère Iéxaï, d’où peut venir le nom de Ἰεσσαῖοι, porté par les esséens. Epiph., hær. xxix 1, 4, 5, 7. Rien de plus confus que les données d’Épiphane sur ces Jesséens. Tantôt il les rattache à Jessé, tantôt au nom de Jésus, tantôt aux esséens. Cf. saint Nil, Monast. exerc., c. iii.