Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/104

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stituerait à elle. Portant la parole en son nom, se présentant en toute chose comme son unique fondé de pouvoir, ce clergé sera sa force, mais en même temps son ver rongeur, la cause principale de ses futurs écroulements.

L’histoire, je le répète, n’a pas d’exemple d’une transformation plus profonde. Il est arrivé dans l’Église chrétienne ce qui arriverait dans un club où les assistants abdiqueraient entre les mains du bureau, et où le bureau abdiquerait à son tour entre les mains du président, si bien qu’après cela les assistants ni même les anciens n’auraient nulle voix délibérative, nulle influence, nul contrôle sur le maniement des fonds, et que le président pourrait dire : « À moi seul, je suis le club. » Les presbyteri (anciens) ou episcopi (officiers, surveillants) devinrent très-vite les uniques représentants de l’Église, et, presque immédiatement après, une autre révolution plus importante encore s’opéra. Entre les presbyteri ou episcopi, il y en eut un qui, par l’habitude de s’asseoir sur le premier siège, absorba les pouvoirs des autres et devint l’épiscopos ou le presbytéros par excellence. Le culte contribua puissamment à établir cette unité. L’acte eucharistique ne pouvait être célébré que par un seul, et donnait à celui qui le célébrait une extrême impor-