Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/227

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Kharouba[1] furent anéantis avec leurs partisans[2].

Les souterrains de la Judée, cependant, contenaient encore une foule de malheureux, qui n’osaient sortir, de peur de trouver la mort. Leur vie était horrible ; chaque bruit insolite leur paraissait l’approche de l’ennemi ; affolés, ils se précipitaient et s’écrasaient alors les uns les autres. Ils n’avaient pour apaiser leur faim que les cadavres de leurs proches, et ils en mangeaient[3]. Il semble que l’autorité romaine empêcha dans certains cas l’enterrement des cadavres, pour rendre l’impression du châtiment encore plus forte[4]. La Judée était comme un vaste charnier. Les malheureux qui réussissaient à gagner le désert s’estimaient favorisés de Dieu.

Certes, tous n’avaient pas mérité ces châtiments sévères[5]. Cette fois, comme il arrive trop souvent, les

  1. Probablement l’Oryba de Josèphe, Ant., XIV, i, 4, du côté de l’Arabie.
  2. Talm. de Jér., Tannith, iv, 8 ; Midrasch Eka, ii, 2, p. 71 c.
  3. Talm. de Bab., Schabbath, 60 a ; Talm. de Jér., Schabbath, vi, 2, fol. 8 a ; Midrasch Eka, i, 15.
  4. Talm. de Jérus., Taanith, iv, 8, fol. 69 a ; Talm. de Bab., Berakoth, 48 b ; Taanith, 31 a ; Midrasch Eka, i, 13, ii, 2. Comp. Denys de Telmahar, Chron., édit. Tullberg, p. 153 ; Grætz, IV, p. 179 et suiv., 465 et suiv. C’est à tort qu’on fait ici le rapprochement du livre de Tobie. Voir ci-après, appendice ii, à la fin du volume.
  5. Les récits talmudiques sont loin d’être favorables à Bar-Coziba. Talm. de Bab., Gittin, 57.