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mie[1] et, quand les juifs se récriaient, protestant qu’on ne trouvait rien de semblable dans leur texte, on leur disait qu’ils avaient mutilé leur texte par méchanceté pure et mauvaise foi[2], que, par exemple, ils avaient retranché du livre d’Isaïe le récit où ce prophète est scié avec une scie de bois, parce que ce passage rappelait trop bien le crime qu’ils avaient commis contre Jésus[3]. Rien ne coûte à une apologétique convaincue et passionnée. On fit appel à des registres officiels du recensement de Quirinius, qui n’avaient jamais existé[4], à un prétendu rapport de Pilate à Tibère, qu’on avait fabriqué[5]

La forme du dialogue parut commode pour le but qu’on se proposait dans ces controverses. Un

    saint Augustin, saint Léon, saint Grégoire le Grand insistent sur cet argument.

  1. Justin, Dial., 72. V. l’Antechrist, p. 58, note 4.
  2. Justin, Dial., 67, 71, 72, 73, 120.
  3. Justin, Dial., 120. Cf. Hebr., xi, 37. Cette tradition apocryphe se trouve dans Tertullien, De pat., 14 ; Scorp., 8 ; Commodien, Carm. apol., v. 508 ; Asc. d’Is., v, 1 et suiv., xi, 41 ; Origène, Hom. i in Is., 5 ; Comm. in Matth., t. X, 18 ; In Matth. comm. series, 28 ; Epist. ad Afric., 9 ; baraïetha, dans Talm. de Bab., Jebamoth, 49 b (dire de Ben-Azaï, qui dit l’avoir lu dans un livre de iouhasin) ; Sanhédrin, 103 b ; Talm. de Jér., Sanhédrin, x, 2 (fol. 28 c).
  4. Justin, Apol. I, 34. Cf. Tertullien, Adv. Marc., IV, 7, 19.
  5. Justin, Apol. I, 35. Cf. Acta Pilati, dans Tisch., Evang. apocrypha.