des gens qui n’avaient pas sa vertu n’étaient pas aussi prudents que lui ; le voisinage des sombres enthousiastes de la Phrygie était dangereux. Un Phrygien, nommé Quintus, montaniste par anticipation, vint à Smyrne et entraîna quelques exaltés, qui allèrent avec lui se dénoncer eux-mêmes et provoquer les supplices. Les gens sages les blâmaient, et disaient avec raison que l’Évangile ne commandait rien de pareil. Outre ces fanatiques, plusieurs Smyrniotes chrétiens furent emprisonnés ; parmi eux se trouvaient quelques Philadelphiens, soit que le hasard les eût conduits à Smyrne, soit que l’autorité, après les avoir arrêtés à Philadelphie, les eût fait transférer à Smyrne, ville plus considérable où se donnaient les grands jeux. Les détenus étaient au nombre de douze[1]. Selon l’usage hideux des Romains, ce fut dans le stade, à défaut d’amphithéâtre, que leur supplice eut lieu.
- ↑ Martyr. Polyc., 4, 19. Cf. Eus., H, E., IV, xv, 45 ; Chron. d’Alex., an 163. Δωδέκατος est sûrement la bonne leçon. Les onze autres martyrs n’étaient pas de Philadelphie, comme on a pu le croire. La phrase veut dire que les martyrs de Smyrne, en y comprenant les Philadelphiens qui se trouvaient parmi eux, étaient au nombre de onze. Polycarpe fut le douzième et prit en quelque sorte la place de Quintus.
p. 381 et suiv. ; Aus dem Urchrist., 1878, p. 90 et suiv.) Cf. Zeitschrift für Kirchengeschichte, I, 1er fascic., p. 121-122. Pearson (Op. post., p. 277) cite une chronique grecque manuscrite qui place les martyres de Polycarpe et de saint Justin sous Antonin.