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élan vigoureux l’Évangile en des contrées lointaines, où le nom de Jésus n’avait pas encore pénétré. Un vieillard de soixante et dix ans, Pothin[1], peut-être Smyrniote et disciple de Polycarpe, était, ce semble, le chef du départ.

Depuis longtemps, un courant de communications réciproques était établi entre les ports d’Asie Mineure et les rivages méditerranéens de la Gaule. Les vieux sillages des Phocéens n’étaient pas tout à fait effacés. Ces populations d’Asie et de Syrie, très-portées à l’émigration vers l’Occident, aimaient à remonter le Rhône et la Saône, ayant avec elles un bazar portatif de marchandises diverses[2], ou bien s’arrêtant sur les rives de ces grands fleuves, aux endroits où s’offrait à elles l’espérance de vivre[3]. Vienne et Lyon, les deux principales villes de la contrée, étaient en quelque sorte le point de mire de ces émigrants, qui apportaient en Gaule des

  1. Lettre des Églises de Lyon et de Vienne, dans Eus., H. E., V, i, 29. Pothin avait plus de quatre-vingt-dix ans en 177. Il est donc vraisemblable qu’il partit d’Asie déjà très-âgé.
  2. Inscription bilingue de Genay, près Trévoux, dans les Mém. de la Soc. des antiq. de France, t. XXVIII, p. 1 et suiv. ; inscription de la fille du maître de poste Μόκιμος (nom arabo-syrien), à Vienne, Le Blant, Inscr. chrét. de la Gaule, no 423. Cf. nos 415, 521.
  3. Le Blant, nos 521, 613. Un riche Trallien à Vienne : Corpus inscr. græc., no 6783. Voir les Apôtres, p. 300.