Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/49

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Adrien à Minicius Fundanus. J’ai reçu la lettre que m’a écrite Licinius[1] Granianus, homme illustre, à qui tu as succédé. L’affaire ne me paraît pas pouvoir être laissée sans enquête, de peur que des gens, paisibles d’ailleurs, ne soient inquiétés et qu’un champ libre ne soit ouvert aux calomniateurs. Si donc des personnes de ta province ont, comme ils le prétendent, des griefs solides à alléguer contre les chrétiens, et qu’ils puissent soutenir leur accusation devant le tribunal, je ne leur défends pas de suivre la voie légale ; mais je ne leur permets pas de s’en tenir à des pétitions et à des cris tumultuaires. En pareil cas, le mieux est que tu prennes toi-même connaissance de la plainte. Si quelqu’un donc se porte accusateur et démontre que les chrétiens commettent des infractions aux lois, ordonne même des supplices selon la gravité du délit. Mais aussi, par Hercule, si quelqu’un dénonce calomnieusement l’un d’entre eux, punis le dénonciateur de supplices plus sévères encore, proportionnés à sa méchanceté.


    gnie de pièces apocryphes. Cf. Tertullien. Apol., 5. Ce qui a fait du tort au rescrit d’Adrien, c’est le prétendu rescrit d’Antonin (Eusèbe, H. E., IV, xiii), fabriqué vers l’an 165, et dont tous les critiques, à la suite de Tillemont, reconnaissent la fausseté. Le prétendu rescrit d’Antonin fait allusion au rescrit d’Adrien ; mais ce n’est pas la seule fois qu’on verrait une pièce apocryphe chercher à se donner créance en s’appuyant sur une pièce vraie. Les travaux de M. Waddington (l. c.) relatifs aux légats impériaux de la province d’Asie, en fixant la date des proconsulats de Granianus et de Minicius Fundanus, et en donnant les lignes essentielles de leur carrière politique, ont ajouté à l’opinion traditionnelle beaucoup de solidité.

  1. Justin et Eusèbe portent Serenius. Mais les inscriptions (Corp. inscr. lat., II, 4609 ; Mommsen, Inscr. regni Neap., 4496 ; Borghesi, Œuvres, VIII, p. 56) ont Licinius.