Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/520

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livre finit par être retiré de la circulation, et la diversité des textes l’emporta définitivement dans l’Église catholique.

Il n’en fut point ainsi dans les sectes nombreuses qui pullulaient de toutes parts. Celles-ci n’admirent pas que la production évangélique fût en quelque sorte cristallisée et qu’il n’y eût plus lieu d’écrire de nouvelles vies de Jésus. Les sectes gnostiques voulaient des textes sans cesse renouvelés pour satisfaire leur ardente fantaisie. Presque tous les chefs de secte eurent des Évangiles portant leur nom, à l’exemple de Basilide, ou compilés à la manière de Marcion, selon leur bon plaisir. Celui d’Apelle venait, comme tant d’autres, de l’Évangile des Hébreux[1]. Markos mêla tout, l’authentique et l’apocryphe[2]. Valentin, comme nous l’avons vu[3], prétendait remonter aux apôtres par des traditions à lui personnelles. On citait un Évangile selon Philippe, fort cher à certains sectaires, un autre qu’ils appelaient « l’Évangile de la perfection »[4]. Les noms des apôtres offraient une ample provision de garants pour toutes ces fraudes[5].

  1. Épiphane, xliv, 2, 4.
  2. Voir livre VII.
  3. Ci-dessus, p. 176-177.
  4. Épiph., hær. xxvi, 2, 3. Conip. Pistis Sophia, p. 23, 47, 48.
  5. Origène, hom. i In Luc. (t. III, p. 933) ; saint Ambroise, In Luc., I, 2 ; saint Jérôme, præf. in Matth., et sur Luc, i, 1.