Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/539

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qui concernait la légende de Paul. Un prêtre d’Asie, grand admirateur de l’apôtre, crut satisfaire sa piété en bâtissant un petit roman, plein de charme, où Paul convertissait une belle jeune fille d’Iconium nommée Thécla, se l’attachait par un attrait invincible et faisait d’elle une martyre de la virginité[1]. Le prêtre ne cacha pas bien son jeu ; on le questionna, on le mit au pied du mur, et il finit par avouer qu’il avait fait tout cela « par amour pour Paul »[2]. Le livre n’en eut pas moins beaucoup de succès, et ne fut banni du Canon qu’avec les autres écrits apocryphes, au ve ou au vie siècle[3].

Saint Thomas, l’apôtre préféré des gnostiques, plus tard des manichéens, inspira de même des Actes[4], où

  1. Tischendorf, p. xxi et suiv., 40 et suiv. Voyez l’étude de M. Le Blant sur ces Actes, dans l’Annuaire de l’Assoc. des études grecques, 1877.
  2. Convictum atque confessum id se amore Pauli fecisse. Tertullien, De baptismo, 17. Au ixe siècle, Anba Sévère, de Nestéraweh, faisant le panégyrique de saint Marc, suppose encore que ce saint lui est apparu pour lui révéler des particularités inconnues de sa vie (édit. Bargès, p. liii, 33 et suiv.).
  3. Saint Epiph., lxxix, 5 ; Saint Jérôme, De viris ill., 7, saint Ambroise, De virginibus, II, 3 ; Macarius Magnes, p. 6, Blondel ; Décret de Gélase, vi, 22 ; Anastase le Sinaïte, dans Credner, p. 241 ; cf. p. 256.
  4. Tischendorf, Acta, p. 190 et suiv. ; Apoc. apocr. p. 156 et suiv. ; Wright, Apocryphal Acts, p. 146 et suiv. Cf. Eusèbe, III, xxv, 6. Nous avons, ce semble, dans ces Actes le texte même