Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/553

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chimères troublaient plus d’une tête, même en dehors du christianisme. Sous Marc-Aurèle, un imposteur voulut, en exploitant des terreurs du même genre, provoquer des désordres qui eussent amené le pillage de la ville[1]. Il n’est pas sain de répéter trop souvent : Judicare seculum per ignem. Le peuple est sujet à d’étranges hallucinations. Quand les scènes tragiques qu’il imagine tardent à venir, il prend parfois sur lui de les réaliser. À Paris, le peuple fit la Commune, parce que le cinquième acte du siège, qu’on lui avait promis, n’était pas venu.

L’Antechrist restait la grande préoccupation des faiseurs d’apocalypses[2]. Quoiqu’il fût évident que Néron était mort, son ombre hantait l’imagination chrétienne[3] ; on continuait d’annoncer son retour. Souvent cependant ce n’était plus Néron que l’on voyait derrière ce personnage fantastique : c’était Simon le Magicien.


De Sébaste[4] sortira Béliar[5], qui commande aux hautes

  1. Jules Capitolin, Marc-Aurèle, 13.
  2. Carm. sib., III, 63 et suiv. Cf. II, 167 et suiv.
  3. « Turris ubi umbra Neronis diu mansitavit » (près la porte du Peuple). Plan de Rome du xve siècle, dans Bullettino della comm. archeol. comunale di Roma, oct.-déc. 1877, p. 196-197.
  4. Sébaste était le nouveau nom de Samarie. Simon le Magicien était de Gitton, près de Samarie. Cf. Asc. d’Is., ii, 12.
  5. Pour Belial. Cf. Ascension d’Isaïe, l. c.