système, il serait peut-être désirable que, sans prétendre faire une œuvre définitivement scientifique, on esquissât, d’après l’état actuel des études sanskrites, une sorte de manuel ou d’introduction à cette littérature. J’avoue que le plus grand obstacle que j’aie rencontré en abordant les études indiennes a été l’absence d’un livre sommaire sur la littérature sanskrite, sa marche, ses époques principales, les âges divers de la langue, la place et le rang des divers ouvrages, quelque chose d’analogue en un mot à ce que Gesenius a fait pour la langue et la littérature des Hébreux. Un tel ouvrage serait, il est vrai, vieilli au bout de dix années ; mais il aurait eu son utilité et aurait contribué à faciliter l’étude immédiate des sources. Il serait regrettable assurément qu’un homme éminent y dépensât des instants qui pourraient être mieux employés à le rendre inutile ; et pourtant qui pourrait le faire, si ce n’est celui qui a la vue complète du champ déjà parcouru ?
Que la plupart de ceux qui consacrent leur vie à des travaux d’érudition spéciale n’aient pas le grand esprit qui seul peut vivifier ces travaux, c’est un inconvénient sans doute, mais qui bien souvent nuit plus à la perfection morale des auteurs qu’à l’ouvrage lui-même. La perfection serait d’embrasser intimement la particule, tout en se tenant dans le grand milieu par une habitude constante, qui pénétrerait toute la vie scientifique. Vraiment, en quoi tant de recherches érudites, tant de collections faites par des esprits faibles et sans portée, diffèrent-elles de l’œuvre du curieux qui assemble sur ses cartons des papillons de toutes couleurs ? Oh ! quand la vie est si courte et qu’il s’y présente tant de choses sérieuses, ne vaudrait-il pas mieux prêter l’oreille aux mille voix du