Aller au contenu

Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pays où il est en minorité, comme en France. Ici la situation est inverse, il n’y a pas de fait ethnographique. Pourquoi un homme est-il protestant ? Parce que ses ancêtres l’ont été. Pourquoi ses ancêtres l’ont-ils été ? Parce qu’au XVIe siècle, ils se sont trouvés dans une disposition intellectuelle et morale qui les a amenés à adopter la réforme du christianisme. L’ethnographie n’a que faire en pareil cas, et c’est vainement qu’on viendrait dire que ceux qui se sont faits protestants au XVIe siècle avaient bien pour cela quelque raison de race. Ce serait là une subtilité, ou du moins une considération d’un autre ordre que celles dont nous nous occupons en ce moment.

Dans le parsisme, au contraire, il y a certainement un fait ethnographique ; car, je le répète, il y a très peu d’esprit de prosélytisme dans cette petite société religieuse parquée à Bombay.

Eh bien, quelle est la situation du judaïsme ? Est-ce quelque chose d’analogue au protestantisme, ou bien est-ce une religion ethnographique comme le parsisme ? Voilà le point sur lequel je voudrais que nous réfléchissions ensemble aujourd’hui.

Il y a un principe fondamental qui ne m’arrêtera pas longtemps, messieurs. Je parle devant des personnes au courant de la science, et le principe dont il s’agit est en quelque sorte l’a b c de la science des religions : c’est la distinction des religions nationales ou locales et des religions universelles.

De religions universelles, il n’y en a que trois. C’est