Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/30

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« craignant Dieu » et se borne à pratiquer le sabbat ; mais le fils de ce metuens devient un juif selon toute la force du terme et même un juif fanatique, un contempteur des choses romaines.

Ce qu’ajoute Juvénal est probablement une calomnie. Je ne crois pas que beaucoup de juifs, à cette époque, aient porté le fanatisme jusqu’à ne pas montrer le chemin à ceux qui n’étaient pas de leur religion. Qu’importe, du reste ? Il n’y a pas d’histoire immaculée. L’histoire du peuple juif est une des plus belles qu’il y ait, et je ne regrette pas d’y avoir consacré ma vie. Mais, que ce soit une histoire absolument sans tache, je suis loin de le prétendre; ce serait alors une histoire en dehors de l’humanité. Si je pouvais mener une seconde vie, certainement je la consacrerais à l’histoire grecque, qui est encore plus belle, à certains égards, que l’histoire juive. Ce sont là, en quelque sorte, les deux histoires maîtresses du monde. Or, si j’écrivais l’histoire des peuples grecs, cette histoire la plus merveilleuse de toutes, je ne me refuserais pas à y signaler de mauvaises parties. On peut admirer la Grèce sans se croire obligé d’admirer Cléon et les mauvaises pages des annales de la démagogie athénienne. De même, parce qu’on trouve que le peuple juif a été l’apparition peut-être la plus extraordinaire de l’histoire, on n’est pas obligé pour cela de nier qu’il ne se trouve dans sa longue vie de peuple des faits regrettables.

Prenons donc les allégations de Juvénal pour ce