Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/139

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et autrefois remplie par Monsieur Dupanloup avant qu’il fût supérieur du petit séminaire. Je me réjouis bien que ceci ne soit point arrivé pendant les deux ans que j’ai passés sous lui. C’était un si excellent professeur Il aimait tant sa classe ! Mais cette année il n’avait plus le même goût à professer ; car il s’en faut bien que la seconde actuelle vaille celle de l’an dernier, pour la force des élèves. Nous avons reçu cette année quelques nouveaux Bretons, qui m’ont tant soit peu consolé de la séparation de nos deux chers compatriotes. L’un est en rhétorique, et a déjà fait sa philosophie en Bretagne. Il est tonsuré, et a l’esprit le plus juste et le coup d’œil le plus fin qu’on puisse imaginer. Il est à côté de moi à l’étude, et, en récréation, nous aimons bien à parler ensemble de la Bretagne. Un autre plus jeune et moins avancé est encore arrivé ; c’est un excellent enfant, qui, je pense, s’habituera bien, mais qui souffre les épines des premiers temps. Du reste je les appelle compatriotes, parce qu’ils sont Bretons de pays et de caractère, mais il s’en faut bien que nous soyons nés du même côté. L’un est de Lorient,