Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/173

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grave et plus raisonnable. Plus je vais, plus j’admire notre supérieur ; c’est un homme vraiment admirable, pour son incroyable érudition. Il n’y a rien qu’il ne sache : c’est un orientaliste des plus renommés, et les savants eux-mêmes viennent souvent le consulter et lui envoient leurs ouvrages pour qu’il y fasse ses corrections. Il a fait quelques ouvrages prodigieux par la science qui y est déployée ; et il en prépare encore plusieurs. Il est moins brillant que Monsieur Dupanloup ; mais il a un fonds de connaissances beaucoup plus vaste. Aussi sa conversation est-elle d’un intérêt ravissant ; mettez-le sur n’importe quoi, il en parlera savamment.

J’entends une voiture rouler dans la cour. C’est Monsieur le supérieur général de Saint-Sulpice qui arrive. Car c’est aujourd’hui jour de promenade, où tous ces Messieurs de Paris viennent à la maison de campagne et Monsieur le supérieur est trop âgé pour y venir à pied. C’est un vénérable vieillard de quatre-vingts ans, mais fort bien conservé, et ayant autant de présence d’esprit qu’un jeune homme de vingt ans. Le jour de l’Épiphanie, il vint, selon