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XXVI


Issy, 6 juin 1843.


Ma mère, ma tendre mère, c’est dans votre sein que je viens épancher la plus grande peine que j’aie éprouvée et que j’éprouverai peut-être de ma vie. Vous seule pourrez m’en consoler. Le jour que nous appelions de nos vœux, le jour qui pour nous devait être si beau, s’enfuit devant nous. Ô maman, ma bonne maman, qu’allez-vous dire ? Pourquoi donc, direz-vous, m’avoir bercée de si douces espérances pour me les ravir ? Ma mère, écoutez-moi et soyez juge de mes motifs.

Depuis la grande époque où l’on me parla pour la première fois de l’affaire qui fait