Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/316

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dération desquels on s’en est rendu coupable.

Pour leur épargner une peine sans fondement, et, par conséquent, de courte durée, on leur prépare des douleurs amères et réelles. Il m’est impossible de comprendre ce qu’il y aurait de si cruel pour maman à te voir te former une carrière, lorsqu’il est de toute évidence que celle où tu es entré ne saurait désormais te convenir. Sois assuré, mon bon ami, que j’aime et que je respecte notre mère autant qu’il est possible de le faire, et cependant, en pareille occurrence, je n’aurais pas hésité à lui écrire moi-même et sans avoir recours à aucun intermédiaire. Je ne puis aller plus loin, parce qu’il me manque ce que nul ne peut donner ; il ne dépend de personne de s’obliger à croire. C’est le sens de ce que tu m’as dit, et il ne m’a fallu aucun effort pour comprendre que tu ne trouverais dorénavant qu’infortune dans les liens qu’on voulait t’imposer. J’espère encore que mes deux dernières lettres auront ranimé ton courage et t’auront arrêté sur la pente si dangereuse des concessions.

Dans la seconde, je t’adressais les détails