Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/340

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n’aurai jamais recours à ce moyen ; comme me le disait hier mademoiselle Ulliac, si j’ai fait des sacrifices pour obéir à la droiture dans de grandes choses, le dois-je moins dans les petites ? Voilà donc une bien grave difficulté, ma bonne amie. Eh bien ! chère Henriette, tout est levé en entrant à Stanislas ; le proviseur m’a promis que, si j’entrais comme employé dans l’établissement, il m’obtiendrait une dispense spéciale du Conseil royal de l’Instruction publique, en vertu de laquelle je passerais mon baccalauréat quand je voudrais. Or, pour les grades ultérieurs, je n’ai plus d’autre pièce à exhiber que mon diplôme de bachelier. Celui-ci donc une fois obtenu, je serai libre et je pourrai marcher à mon aise.

Enfin, ma chère Henriette, une dernière raison, que j’ai envisagée presque comme un devoir. C’est que cet arrangement va merveilleusement plaire à notre mère. Nous avions parlé de ce projet, et elle en parut ravie. Je ne doute pas qu’il ne lui fasse encore beaucoup de plaisir. Ne semble-t-il pas que ce soit là, en effet, une transition ménagée exprès, pour ne heurter aucune susceptibilité ? Nul ne