Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/341

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peut trouver étrange de me voir passer de Saint-Sulpice à Stanislas ; au contraire, tous les hommes de mon passé me l’ont conseillé. Nul ne pourra davantage trouver étrange de me voir passer de Stanislas à une autre branche d’instruction, et ainsi tout finira sans éclat. Mais cela me ravit surtout pour ma pauvre mère. Oh ! je suis soulagé d’un fardeau épouvantable, en songeant que le coup est encore reculé et par conséquent bien adouci. Et puis, quand elle verra s’ouvrir devant moi une carrière dans le monde, elle sera moins affectée. Ce qui l’effrayait, c’était de me voir sur le pavé comme elle disait, et repoussé de tous les emplois, et elle me faisait des rapprochements qui, en effet, me faisaient frissonner. De là dérive, bonne amie, vis-à-vis d’elle, toute une ligne de conduite. Il ne faut rien témoigner d’extraordinaire, rien de plus que par le passé : j’hésite, j’attends, et je suis dans une position qui me permet d’hésiter et d’attendre à mon aise, puisqu’en tout cas une issue s’ouvre devant moi. Voilà, ce me semble, comme nous devons nous poser vis-à-vis d’elle. Je suis sûr, je le répète,