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MÉLANGES D’HISTOIRE.

semble même qu’ils ont enchéri à cet égard sur l’habitude des écoles de la cour des Tcheou, où l’on enseignait les six sciences usuelles, savoir la musique, l’écriture, l’arithmétique, le cérémonial, l’art de tirer de l’arc et l’art de conduire un char. Sous les Han, les textes ne parlent plus que de l’enseignement des King dans les écoles de la cour et dans celles des districts. Cette étude paraît répondre à tous les besoins de la vie générale. » Le mérite littéraire est, en effet, aux yeux des Chinois, inséparable de la vertu privée. Être habile dans les King, pratiquer la piété filiale ou fraternelle, être fidèle à ses amis, être versé dans le cérémonial, sont pour eux des termes synonymes de la profession de lettré. Souvent, il est vrai, les études ont dégénéré de cet esprit ; le mérite littéraire a été seul considéré ; les candidats ont préféré la calligraphie, le beau style, la facilité de composition en style vulgaire, ou même des connaissances spéciales dans telle ou telle branche, à l’étude des principes de morale et d’administration contenus dans les King. Mais cette conduite a toujours été considérée comme un abus ; elle a été de la part des empereurs l’occasion de plusieurs édits de réforme. La connaissance des institutions nationales, la morale, la science politique et administrative étant ainsi rattachées à l’étude des King, on comprend comment celle-ci a pu devenir l’objet exclusif de l’éducation préparatoire à toutes les fonctions de l’État, et comment le fondateur de la dynastie des Ming, par exemple, refusait de créer des collèges inférieurs pour l’instruction littéraire des militaires, disant qu’il ne concevait qu’un seul système d’éducation applicable à toutes les carrières. Des esprits sages, tels que Ma-touan-lin,