Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/443

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sans la plus minutieuse érudition ? N’est-ce pas l’érudition qui a ouvert devant nous tous ces mondes de l’Orient, l’Inde surtout, dont la connaissance a rendu possible la science comparée des développements de l’esprit humain ? Pourquoi un des plus beaux génies des temps modernes, Herder, dans ce traité de la Poésie des Hébreux, où il a mis toute son âme, est-il si souvent inexact, faux, chimérique, si ce n’est parce que la critique savante ne servait pas toujours de guide à l’admirable sens esthétique dont il était doué ? À ce point de vue, l’étude même des folies de l’esprit humain offre de l’intérêt pour l’histoire et la psychologie. Plusieurs problèmes importants de critique historique ne seront résolus que lorsqu’un érudit intelligent aura consacré sa vie au dépouillement du Talmud et de la Cabbale. Si Montesquieu, débrouillant le chaos des lois ripuaires, visigothes et bourguignonnes, a pu se comparer à Saturne dévorant des pierres, quelle force ne faudrait-il pas supposer à l’esprit capable de digérer un tel fatras ? Et pourtant il y aurait à en extraire une foule de données précieuses, auxquelles rien ne saurait suppléer. Il ne faut pas demander compte à la science de l’humilité des moyens par lesquels elle arrive à ses résultats. Les lois les plus élevées des sciences physiques ont été constatées par des manipulations fort peu différentes de celles de l’artisan. Si les plus hautes vérités peuvent sortir de l’alambic et du creuset, pourquoi ne pourraient-elles résulter

    si l’on avait su que cet idiotisme νῦν δὲ, répondant à la locution hébraïque ve-atta, sert, dans la langue du Nouveau Testament, de conjonction adversative, sans impliquer aucune notion de temps ; en sorte qu’il faut simplement traduire : mais mon royaume n’est pas de ce monde. — Une autre discussion des plus importantes et des plus vives de l’exégèse biblique (Isaïe, ch. liii), roule tout entière sur l’emploi d’un pronom.