Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/520

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eusses perdu s’il y avait ou un chemin de fer de Rome à Ravenne ! — Enfin, il y en a un de Paris à Berlin et nous ne pouvons pas le fuir ; mais au nom de tout ce qui peut te toucher, sois plus que prudent, songe à l’état où je vais être jusqu’au moment où je te saurai Berlin  ! Mes craintes pour toi me rendent si malheureuse, que je regrette vivement de t’avoir dit de me venir chercher. Pourquoi t’exposer, exposer ce que j’ai de plus cher au monde ? ne pouvais-je pas faire seule ce voyage ?

Le choléra n’est pas à Berlin ; Sophie m’a parfaitement rassurée à cet égard. — je ne t’écrirai plus à Paris, mon Ernest, à moins que je ne reçoive dans deux ou trois jours une lettre de toi qui me demande une réponse. Je ferai en sorte qu’en arrivant à Berlin tu trouves une lettre de moi poste restante, ainsi va la réclamer. Si tu as à répondre à cette lettre, adresse ta réponse chez madame Zoltowska : ne crains pas de me faire attendre chez elle ; j’y puis rester aussi longtemps qu’il sera nécessaire. J’espère qu’avant de quitter Varsovie, je recevrai de toi un mot pour me dire si mes arrangements te conviennent ; mais, outre cette lettre, je te conjure encore de m’écrire à Niechanow, pour m’indiquer exactement le jour où tu quitteras Paris. Je ne sais que craindre : mon imagination attristée empoisonne tout, est devenue pour moi un véritable supplice.

Je t’en prie, mon Ernest, écris-moi, ne serait-ce