Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/74

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rester dans l’ombre, et d’empêcher qu’on ne songe à moi. Je serai condamné par ma position à me montrer de bonne heure. Il n’est guère probable qu’on vienne me chercher, si je n’avertis point de mon existence. Il y a là une immense difficulté, chère amie. Mais à vrai dire, elle est peut-être plus grave encore du côté de la philosophie que du côté des langues orientales.

Je craindrais, chère amie, de grossir outre mesure ma lettre, en entamant un autre sujet important, le plan d’étude que j’adopterai pour la fin de cette année scolaire, et les démarches que je compte faire pour mon placement de l’année prochaine. D’ailleurs je ne puis avoir rien de bien arrêté sur ces deux points, avant de connaître définitivement le résultat du concours. Je remets donc à t’en parler à ma prochaine lettre, qui t’annoncera le résultat définitif. Malheureusement les vacances de Pâques qui vont intervenir rendront mes entrevues avec M. Reinaud moins fréquentes. Du reste, chère amie, j’attends, je le l’assure, ce résultat avec beaucoup de calme, et sois bien persuadée qu’un mauvais succès n’influencera on rien sur ma conduite à venir. Mes résolutions sont prises, irrévocablement prises. Rien ne saurait désormais me les faire changer. Le succès définitif ne saurait être qu’à la condition de ne point se décourager des revers.

Mademoiselle Ulliac te dit sans doute que la proposition relative à l’action du journal ne peut plus avoir lieu. Je ne le regrette pas, chère amie,