Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/175

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estime de cette petite servante, qui était en effet un modèle de vertu, et joignait à cela la figure la plus agréable et la plus douce.

Le fait est que ce qu’on dit des mœurs cléricales est, selon mon expérience, dénué de tout fondement. J’ai passé treize ans de ma vie entre les mains des prêtres, je n’ai pas vu l’ombre d’un scandale ; je n’ai connu que de bons prêtres. La confession peut avoir, dans certains pays, de grave inconvénients. Je n’en ai pas vu une trace dans ma jeunesse ecclésiastique. Le vieux livre où je faisais mes examens de conscience était l’innocence même. Un seul péché excitait ma curiosité et mon inquiétude. Je craignais de l’avoir commis sans le savoir. Un jour, je pris mon courage à deux mains, et je montrai à mon confesseur l’article qui me troublait. Voici ce qu’il y avait : « Pratiquer la simonie dans la collation des bénéfices. » Je demandai à mon confesseur ce que cela signifiait, si je pouvais avoir commis ce péché-là. Le digne homme me rassura et me dit qu’un tel acte était tout à fait hors de ma portée.