Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/406

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son devoir, son œuvre commune, qui est la civilisation.

Presque tous les hommes avec lesquels j’ai été en rapport ont été pour moi d’une bienveillance extrême. Au sortir du séminaire, je traversai, ainsi que je l’ai dit, une période de solitude, où je n’eus pour me soutenir que les lettres de ma sœur et les entretiens de M. Berthelot ; mais bientôt je trouvai de tous côtés des sourires et des encouragements. M. Egger, dès les premiers mois de 1846, devenait mon ami et mon guide dans l’œuvre difficile de reprendre tardivement mes études classiques. Eugène Burnouf, sur la vue d’un essai bien imparfait que je présentai au concours du prix Volney, en 1847, m’adopta comme son élève. M. et Madame Adolphe Garnier furent pour moi de la plus grande bonté. C’était un couple charmant. Madame Garnier, rayonnante de grâce et de naturel, fut ma première admiration dans un genre de beauté dont la théologie m’avait sevré. M. Victor Le Clerc faisait revivre devant mes yeux toutes les qualités d’étude et de savante