Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

application de mes anciens maîtres. Dès mon séjour à Saint-Sulpice, j’avais appris à l’estimer : c’était le seul laïque dont ces messieurs fissent cas ; ils lui enviaient son extraordinaire érudition ecclésiastique. M. Cousin, quoiqu’il m’ait plus d’une fois témoigné de l’amitié, était trop entouré de disciples pour que j’essayasse de percer cette foule, un peu liée à la parole du maître. M. Augustin Thierry, au contraire, fut pour moi un vrai père spirituel. Ses conseils me sont tous présents à l’esprit, et c’est à lui que je dois d’avoir évité dans ma manière d’écrire quelques défauts tout à fait choquants, que de moi-même je n’aurais peut-être pas découverts. C’est par lui que je connus la famille Scheffer, à laquelle je dois une compagne qui s’est toujours montrée si parfaitement assortie aux conditions assez serrées de mon programme de vie, que parfois je suis tenté, en réfléchissant à tant d’heureuses coïncidences, de croire à la prédestination.

Ma philosophie, selon laquelle le monde dans son ensemble est plein d’un souffle divin,