trop concrets ; ils tiennent à des faits, à des riens, à des minuties. Rappelez-vous cette définition que donnait du christianisme ce proconsul (ni fallor) dont il est parlé dans les Actes : « Il s’agit d’un certain Jésus. Paul dit qu’il est en vie, les autres disent qu’il est mort. » Prenez garde de ramener la question à de si misérables termes. Que peut faire, je vous le demande, à la valeur morale d’un homme la croyance à tel fait, ou plutôt la manière d’apprécier et de critiquer tel fait ? Oh ! que Jésus était bien plus philosophe ! Il n’a pas été dépassé ; mais l’Église, de bonne foi, l’a été.
Vous me direz : « Dieu veut que l’on croie ces petites choses, puisqu’il les a révélées. » Prouvez-le ; là est mon fort. Je n’aime pas la méthode par objections. Mais vous n’avez pas une preuve qui tienne devant la critique psychologique ou historique. Jésus seul tient. Mais il est pour moi comme pour vous. Pour être platonicien, fallait-il adorer Platon et croire toutes ses paroles ?
Je ne trouve pas, dans la classe des hommes qui ont écrit, des gens plus sots que tous vos apologistes modernes : esprits plats, têtes sans critique. Il en est d’autres plus fins, mais ils n’abordent pas la question.
Vous me direz, comme j’entendais dire au séminaire : « Ne jugez pas l’intrinsèque des preuves par la petite manière dont elles sont présentées. Nous n’avons pas de vigoureux hommes, mais nous pourrions en avoir : cela ne fait rien à la vérité intrinsèque. » Je réponds : 1o une bonne preuve, surtout en critique historique, est toujours bonne, de quelque manière qu’elle soit présentée ; 2o si la cause était absolument la vraie,