Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/69

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dans la seconde moitié du iie siècle que les textes portant des noms d’apôtres ou d’hommes apostoliques prennent une autorité décisive et obtiennent force de loi. Même alors, on ne s’interdit pas absolument les compositions libres ; à l’exemple de Luc, on continua de se faire des Évangiles particuliers en fondant diversement ensemble les textes plus anciens[1].

Qui ne voit le prix de documents ainsi composés des souvenirs attendris, des récits naïfs des deux premières générations chrétiennes, pleines encore de la forte impression que l’illustre fondateur avait produite, et qui semble lui avoir longtemps survécu ? Ajoutons que les Évangiles dont il s’agit semblent provenir de celle des branches de la famille chrétienne qui touchait le plus près à Jésus. Le dernier travail de rédaction du texte qui porte le nom de Matthieu paraît avoir été fait dans l’un des pays situés au nord-est de la Palestine, tels que la Gaulonitide, le Hauran, la Batanée, où beaucoup de chrétiens se réfugièrent à l’époque de la guerre des Romains, où l’on trouvait encore au iie siècle des parents de Jésus[2], et où la première direction galiléenne se conserva plus longtemps qu’ailleurs.

  1. Voir, par exemple, ce qui concerne l’Évangile de Tatien, dans Théodoret, Hæret. fab., I, 20.
  2. Jules Africain, dans Eusèbe, Hist. eccl., I, 7.