Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/86

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purent s’en servir comme d’un livre médiocrement autorisé, mais très-édifiant[1]. D’un autre côté, les contradictions qu’il offrait avec les Évangiles synoptiques, lesquels étaient bien plus répandus, empêchèrent longtemps de le faire entrer en ligne de compte dans la contexture de la vie de Jésus, telle qu’on se l’imaginait.

On s’explique ainsi la bizarre contradiction que présentent les écrits de Justin et les Homélies pseudo-clémentines, où l’on trouve des traces de notre Évangile, mais où certainement il n’est pas mis sur le même pied que les synoptiques. De là aussi ces espèces d’allusions, qui ne sont pas des citations franches, qu’on y fait jusque vers l’an 180. De là enfin cette particularité que le quatrième Évangile paraît émerger lentement des mouvements de l’Église d’Asie au iie siècle, d’abord adopté par les gnostiques[2] et n’obtenant dans l’Église orthodoxe qu’une

  1. Ainsi, les valentiniens, qui l’acceptaient, et l’auteur des Homélies pseudo-clémentines s’écartent complètement de lui dans l’évaluation de la durée de la vie publique de Jésus. (Irénée. Adv. hær., I, iii, 3 ; II, xxii, 1 et suiv. ; Homél. pseudo-clem., xvii, 19.)
  2. Valentin, Ptolémée, Héracléon, Basilide, Apelle, les naasséniens, les pérates. (Irénée, Adv. hær., I, viii, 5 ; III, xi, 7 ; Origène, In Joann., VI, 8, etc. ; Epiph., Adv. hær., xxxiii, 3 ; voir surtout les Philosophumena, livres VI et VIII.) Il reste douteux si, en