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Page:Renard - Comedies.djvu/82

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PIERRE

Et vous êtes jolie pour vivre un siècle.

MARTHE

Une de mes grand’mères, qui était une beauté, a vécu quatre-vingt-sept ans.

PIERRE

C’est désolant ! Ah ! nous en viderons des coupes de joie, aux noces d’argent, aux noces d’or !

MARTHE

Aux noces de diamant.

PIERRE

Rien que des orgies, toute la vie, jusqu’à la mort !

MARTHE

C’est accablant.

PIERRE

C’est trop, c’est trop ; j’en arriverais à dire des choses révoltantes. Écoutez : je suis sûr que les veufs qui paraissent si à plaindre…

MARTHE

Ils ne le sont pas ?

PIERRE

Oui, ils se lamentent d’abord, ils se désespèrent, et pourtant, j’en suis sûr, comme le liseron dans l’ombre noire d’un sapin, cette petite pensée sauvage lève bientôt dans leur douleur : à présent,