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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/132

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L’HOMME TRUQUÉ

jours de Jean Lebris étaient comptés, — l’oubliant avec d’autant plus d’aisance que la vie lui était aimable et que son mince visage s’éclairait d’un bonheur que rien ne paraissait troubler, ni l’approche du terme inexorable, ni la privation de la vraie vue, ni l’existence menaçante du terrible Prosope.

Celui-ci, du reste, ne rappelait nullement qu’il existât. Une surveillance attentive, voire soupçonneuse, ne me procurait aucun indice du plus faible danger. Les docteurs mystérieux, rebutés par les difficultés de l’entreprise, ou confiants peut-être dans le mutisme de Jean, semblaient avoir pris leur parti de sa fuite. — Par ailleurs, nos précautions ne se relâchaient pas, en ce sens que Jean, toujours armé, ne sortait plus jamais seul, et que, pour être devenue une habitude, ma vigilance n’en restait pas moins policière.

Jusqu’au gymkhana du baron d’Arcet, nul événement digne de mémoire ne se produisit. Encore, l’épisode que je vais retracer fut-il un événement sentimental, qui me resta personnel et passa inaperçu.