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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/158

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L’HOMME TRUQUÉ

Quoi qu’il en fût, je risquais fort, par l’effet de ce larcin, d’être frustré d’une connaissance inestimable. À la seule idée de m’adresser à Mme Lebris et de lui faire admettre la nécessité d’une autopsie, tout espoir m’abandonnait.

On conçoit de quelle âme je fermai sur les yeux artificiels les paupières noircies de mon cher Jean Lebris.

Pourtant, je n’avais pas le droit d’hésiter. Mon devoir était d’essayer, par tous les moyens, d’obtenir la libre disposition de ses restes. Mais les officiels se seraient moqués de moi, si j’avais fait appel à leur autorité. Qui donc m’eût donné pareil droit, sinon Mme Lebris ?

Je le lui demandai. Elle me le refusa. Sa religion, ses principes et ce qu’elle nommait son « bon sens » se révoltèrent. La douleur, en elle, fit place à l’indignation. Malgré tous mes efforts, elle fit part à Mme Fontan, à Césarine et à Fanny de la « profanation » à quoi j’avais l’« audace » de prétendre. En vain me récriai-je que c’était pour la Science, pour le Pays ; que la cécité de Jean offrait une particularité