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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/172

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L’HOMME TRUQUÉ

feindre la surprise, doser l’indifférence, et se taire. Toujours se taire !

L’automne s’avançait ; il était donc naturel que Mme Fontan et sa nièce quittassent notre bourgade champêtre pour retourner vers les villes. On s’étonna seulement qu’elles fussent parties si vite, « à l’anglaise », sans même assister aux funérailles de Jean. Mme Lebris, honteuse de l’affront, publia qu’une lettre les avait rappelées d’urgence en Artois.

Que penser ? Que penser aujourd’hui ?…

Parfois, je me dis qu’elle ne m’aimait pas. Je me déchire l’âme à me convaincre qu’elle a joué la comédie la plus féroce, allant jusqu’à me suggérer ce forfait : abréger les jours de Jean Lebris !…

Mais quand je repasse, heure par heure, notre vie ; quand j’évoque le souvenir — irrémédiablement chéri — de ses regards, de ses sourires, de ses baisers et de ses lar-