Aller au contenu

Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
L’ADORABLE FANNY
53

de soleil pénétra fort à point dans mon cabinet.

Jean, au fond de sa chambre, était tourné vers moi. Sa fenêtre était encore ouverte. J’ouvris la mienne sans bruit, et je plaçai dans le rayon un petit miroir de poche. Projeté par la glace, un rond folâtre tremblota sur la façade ombreuse, puis sur le mur au fond de la chambre ; il se posa comme un masque de lumière sur le visage de Jean Lebris…

Ni l’homme ne broncha, ni ses yeux ne cillèrent.

Alors ? Que penser ?…

J’étais perplexe. Le plus sage était de garder le silence jusqu’à nouvel ordre. Aussi bien, quoi qu’il en fût, le secret de Jean ne touchait en rien à son honneur militaire. D’un bout à l’autre de la guerre, il s’était conduit vaillamment. Tombé sous les yeux de ses chefs, au cours d’une retraite commandée, il faisait partie d’une classe actuellement démobilisée ; la paix allait être signée ; il était libre ; et, grâce à Dieu, je le connaissais assez pour savoir que, si l’exil s’était prolongé pour lui, cela