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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/59

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L’ADORABLE FANNY
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d’abord j’ai pensé que j’étais seul à subir l’attrait de ses charmes, par le mécanisme secret des affinités… J’avais vécu jusqu’à trente-cinq ans sans croire à l’amour tel que les poètes le chantent. J’avais passé parmi les femmes de mon temps, la bouche serrée et l’œil dur, sans que l’une d’elles m’eût attiré. Celle-là n’eut qu’à paraître pour faire de moi son serviteur avide et frissonnant… Un peu plus tard, avec autant d’orgueil que de jalousie, je me rendis compte que Fanny était pour tous ce qu’elle était pour moi, et que sa radieuse jeunesse exerçait un empire universel…

Fanny ! Fanny !…

Ce fut comme un pressentiment.

Deux semaines environ après le retour de Jean, Mme Lebris, justement préoccupée de la santé de son fils, m’avait demandé de l’ausculter. Nous étions dans la chambre de l’aveugle. Le soir tombait. J’entendais, au-dessus de nous, quelqu’un marcher en tous sens et le glissement d’objets lourds qu’on traînait sur le plancher…