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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/66

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L’HOMME TRUQUÉ

rettes ; merci, le bouvreuil ; merci, merci, soleil, azur, papillons… Bien gentils, bravo ! » Et je portais mon cœur comme un ostensoir !

Pourtant, cette fin de journée était, à vrai dire, plus estivale que printanière. Une chaleur prématurée cuisait la terre, et, comme une énorme montagne de neige étincelante, un nuage monstrueux encombrait le sud-ouest.

J’allais. Tout à coup, sortant du rêve, je fis la réflexion que Jean Lebris avait marché singulièrement vite… Ou bien s’était-il engagé dans une autre direction ? Le sentier bifurquait derrière moi ; pouvait-on supposer que l’aveugle se fût hasardé… Non, La bifurcation se coudait à main gauche, et je savais que Jean prenait soin de traîner sa canne au long du talus de droite… C’est, du moins, ce qu’il m’avait dit. Mais, à tout prendre, fallait-il le croire ?… L’incident de la montre m’obsédait.

Je m’arrêtai. On n’entendait que le fourmillement des sous-bois dans le calme orageux de l’espace et, plus loin, le murmure étouffé de la bourgade. Je retins un appel ;