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le maître de la lumière

tant, il était à mille lieues de croire que sa chance pût tenir au vieux proverbe : « Malheureux en amour… »

Et ce fut avec l’expression la plus suffisante du monde qu’il revint auprès de Rita.

— Mes compliments ! lui dit-elle.

Il salua en souriant :

— Les compliments, c’est très bien. Mais… la réponse ?

— Plus tard, dit Rita, simplement.

Il en demeura déconfit, si bien qu’un instant, les bras ballants, la bouche ouverte, il perdit une bonne part de son élégance.

— Oh ! reprocha-t-il. Comment !…

— Patience ! conseilla-t-elle avec douceur.

— Eh bien ! lâcha-t-il. Vous êtes vraiment femme, vous !

— Ne soyez pas fâché. Patience ! vous dis-je.

— Ah ! proféra Luc, furieux et consterné.

Mais, sur-le-champ, il se dompta :

— Je m’inclinerai toujours devant vos désirs.

— Avec le sourire ? dit-elle malicieusement.

— Avec le sourire, bien entendu.

Et il parvint à prendre une contenance assez humble et assez touchante pour que Rita lui en sût gré et compatit sans arrière-pensée à sa déception.

Rita entra dans la chambre de Mme Le Tourneur sur les pas de celle-ci.

— Mais que se passe-t-il donc ? lui demanda-t-elle avidement. Qui t’a envoyé ce télégramme ?

— Lui-même, tout bêtement ! flûta Geneviève de sa faible voix mourante et chantonnante.

Elle était, au fond, ravie. Les choses reprenaient un tour romanesque qui ne pouvait que plaire à la plupart des femmes. De plus, le télégramme de Charles lui donnait à penser que l’aventure pourrait peut-être bien se terminer de la façon la plus conforme aux lois de la société et aux plus chers désirs de sa très chère Rita. Elle trouvait donc licite et même louable de servir des