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le maître de la lumière

lippe, un sujet tout indiqué ; Charles y songeait depuis quelque temps déjà et ne s’était pas fait faute de comparer entre eux les divers documents, gravures, lithographies, crayons, etc., qui nous rendent l’aspect du boulevard au mois de juillet 1835. Il faut dire, du reste, que, jusqu’alors, l’aquarelle de Lami ne l’avait retenu qu’à ce titre, la mort de l’ancêtre lui paraissant un fait classé, n’offrant plus qu’un intérêt privé et, de nos jours, assez faible.

La note du peintre, au demeurant, rédigée dans un esprit semblable, concernait l’attentat de Fieschi au même degré que le meurtre individuel. Et la chose était d’autant plus naturelle que Lami l’avait écrite, cette note, le matin du 29 juillet 1835, alors que non seulement l’attentat formidable faisait peser sur tout Paris une consternation sans égale, mais alors que l’autopsie du corps de César n’avait pas encore établi avec précision le caractère de sa blessure. À cette heure, on supposait toujours qu’il avait été tué, en ricochet, par l’une des balles de Fieschi, et l’on ne voyait en lui qu’une dix-neuvième victime de la machine infernale, — qui, en réalité, avait fait dix-huit morts et vingt-deux blessés.

Au sujet de l’attentat, la note dit ceci :

« Les maisons qu’on découvre par la fenêtre portent les numéros 54, 56 et 58. Celle de droite, la plus haute, contient le cabinet des figures de cire, de Curtius. Celle du milieu, la plus basse, contient un estaminet et le café « Au rendez-vous des théâtres ». Celle de gauche est le « Théâtre Lazari ». En s’approchant de la fenêtre, on découvrirait, plus à gauche, contre « Lazari », le numéro 60 qui est le « Théâtre des marionnettes de Mme Saqui ». Et à droite, contre le numéro 54, on verrait le numéro 52 : « l’Estaminet rustique » ; puis, contre ce dernier qui est bas, la maison très étroite qui porte le numéro 50 et qui est celle d’où Joseph Fieschi[1] a

  1. Le nom de Fieschi fut ajouté postérieurement par le peintre Lami. Il avait d’abord écrit « Gérard », nom sous lequel Fieschi venait d’être arrêté et qui ne fut reconnu pour faux que plus tard. Même remarque, bien entendu, concernant ce qui suit.