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le maître de la lumière

pas frappé outre mesure mon imagination ; d’où il résulte que son signalement n’est pas gravé dans mon souvenir avec précision. Toutefois, je me ferais fort de le reconnaître s’il m’était présenté. »

« Ce rapport fit une grande impression sur M. Duret d’Archiac. Avant de faire introduire dans son cabinet Fabius Ortofieri, il installa auprès de lui, en posture de secrétaire, le policier Jean Cartoux, qui put tout à loisir examiner le comparant. Quand celui-ci se fut retiré, il affirma que c’était bien là l’homme du boulevard. Il reconnaissait son teint bruni, ses favoris noirs, sa décoration de Juillet, sa stature et sa démarche.

« Fabius, le lendemain, était écroué. Il nia de toutes ses forces, prétendant n’avoir jamais voulu la mort de César, et, d’autre part, avoir assisté à la revue place de la Bastille.

« Mais personne ne l’y avait vu. Il ne pouvait exciper d’aucun alibi. Les déclarations d’un agent de la force publique l’accusaient formellement. De telles circonstances étaient de nature à convaincre notre aïeul et notre grand-tante que Fabius Ortofieri avait assassiné leur grand-père et père. Ils se portèrent donc partie civile au procès et vous pouvez être certain que l’accusé eût été condamné par la Cour d’assises si son décès ne lui avait épargné cette honte.

— En somme, conclut Bertrand Valois, toute l’accusation reposait sur les dires de ce roussin.

— Et sur le fait que César n’avait pas d’autre ennemi connu que Fabius.

— Ils ne s’en voulaient pas à mort, pourtant !

— Cela ne ressort pas des documents que nous possédons. Mais une chose m’impressionne depuis que j’ai découvert cette plaque de luminite accrochée par César dans son cabinet de travail.

— Quoi ?

— Simplement le fait qu’il l’avait accrochée là et qu’il la décrochait fréquemment, pour y voir ce qui s’était passé chez lui en son absence. Pourquoi se serait-il donné la peine d’installer contre le mur cet espion insoupçonnable s’il n’avait pas éprouvé je ne sais quelles